La genèse d’un sport

Pour cette dernière journée de périple en terre américaine, nous avons mis le cap sur Cooperstown, un minuscule bled perdu en plein milieu de l’État de New York. Si vous allez un jour au Temple de la renommée du baseball, vous vous demanderez vraiment si vous êtes sur la bonne route. À milles lieux des grands centre urbains, vous roulerez sur des petits chemins de campagne sinueux où vous aurez peut-être la chance, comme nous, de dépasser des carrioles Amish au passage ou d’éviter de justesse un chevreuil qui traverse cette voie rurale!

LA question qui nous vient immédiatement à l’esprit : pourquoi ce trou perdu est-il l’hôte d’un des plus importants musées aux États-Unis? En 1905, Albert Spalding, fabricant d’articles de sport, souhaite retracer l’historique de l’invention du baseball. Américain de naissance, Spalding se retrouve au centre d’une chicane de clocher avec Henry Chadwick, un historien britannique, qui affirme que le sport fut inventé en Angleterre et non aux États-Unis. Spalding organise donc une commission d’enquête (faut croire qu’il n’avait pas peur des résultats LUI, n’est-ce pas cher Premier ministre Charest?!?) pour faire la lumière à ce propos. Le témoignage d’Abner Graves viendra éclaircir la situation. Ce dernier déclare qu’il était présent lors de l’invention du baseball par un dénommé Abner Doubleday, à Cooperstown, dans les années 1830. On officialisa le tout dans le rapport de la commission en datant la création du baseball à 1839.

Mais le doute subsistait toujours. En 1934, une balle de baseball antique fut découverte dans une grange de Cooperstown. Selon la légende, cette balle appartenait à Abner Graves. Avec cette découverte, plus de doute, le baseball avait réellement été inventé à Cooperstown! Stephen Clark, un résident de l’endroit, fit l’acquisition de la balle pour la somme de 5$. Il l’exposa ensuite dans un musée avec d’autres objets sur l’histoire du baseball en espérant attirer visiteurs et touristes à l’approche des célébrations du centenaire de l’invention du sport. Le musée devient de plus en plus populaire et en 1937, on élabora les plans du tout premier Temple de la renommée du baseball, qui ouvrit officiellement ses portes au public en 1938. Voilà pourquoi Cooperstown est aujourd’hui visité par des milliers de personnes chaque année, venu des 4 coins du monde pour faire un pèlerinage de baseball! Évidemment, lorsqu’on parle de l’invention du baseball, on parle du sport dans sa forme plus actuelle. Car sinon, on doit remontée aux Égyptiens qui furent les premiers à s’amuser à des jeux de balle et de bâton.

Toujours prêt à la controverse, Pat insiste pour faire son entrée au Temple ayant revêtu son chandail de Pete Rose. Rappelons que le meilleur frappeur de l’histoire des majeurs n’a toujours pas sa place à Cooperstown après avoir été banni du baseball en 1989 suite à des paris illégaux sur des matchs de baseball alors qu’il était entraîneur des Reds de Cincinnati. Ceci déclenche même une discussion dans la file d’attente à savoir si Rose devrait ou non être admis au Temple. Sacré Pete.. eun Pat!


Les différentes expositions retracent l’historique du sport et de ses plus grandes légendes. Je pourrais passer des heures et des heures à lire les plaques informatives sur les différents sujets tellement c’est passionnant. La section rendant hommage aux joueurs noirs est particulièrement touchante. On peut y voir à quel point les choses ont changé depuis l’arrivée de Jackie Robinson avec les Royaux de Montréal en 1946. Ce pionnier a fait tomber les barrières raciales et permis l’accès au baseball majeur à des centaines de noirs qui n’auraient probablement pas eut la chance d’y arriver, juste à cause de la couleur de leur peau.



J’ai profité de mon passage à Coopoerstown pour me réconcilier avec le Babe suite aux incidents de jeudi dernier devant son lieu de naissance à Baltimore. La malédiction a été levée et je suis à nouveau en bon terme avec Ruth!

Le baseball féminin est également honoré dans le Temple. Rappelons que lors de la 2e guerre mondiale, le baseball masculin s’est vu privé de plusieurs de ses meilleurs éléments (les joueurs étant envoyés au combat en Europe), les dames ont pris le relais en jouant dans une ligue féminine de baseball. Si vous voulez en savoir plus, je vous suggère l’excellent film « Une ligue en jupons » mettant en vedette Gina Davis, Madonna et Tom Hanks!


Les expositions sont multiples et les sujets, innombrables! Ca passe des mascottes à l’équipement, en passant par les légendes ainsi que les cartes de baseball. Je vous parlais dimanche dernier de la carte d’Honus Wagner, artéfact ayant la plus grande valeur monétaire de toutes les cartes sportives. Et bien l’original se retrouve à Cooperstown et est la propriété de nul autre que Wayne Gretzky!









On retrace aussi l'historique du "Take me out to the ball game" de la 7e manche. J'apprends qu'il existe d'autres paroles la la chanson!! Malheureusement, aucune trace de la version en yedish chantée à Philadelphie jeudi dernier!


Montréal et le Québec font bonne figure. On retrouve plusieurs souvenirs, objets et photos retraçant l’histoire du baseball à Montréal.







En 2010, le Temple de la renommée du baseball a acceuilli un 2e joueur des Expos de Montréal. Après Gary Carter en 2003, c’était au tour d’Andre Dawson de faire son entrée chez les immortels du sport. J’adorais voir jouer le Hawk quand j’étais jeune. Son intensité et son désir de gagner m’ont probablement inspiré sur le terrain lorsque j’ai commencé à jouer au baseball. De voir les couleurs des Expos un peu partout à Cooperstown m’a donné des frissons de bonheur car le baseball est encore important pour beaucoup de personne au Québec. Je suis persuadé que plusieurs Québécois ont visité le Temple cet été juste à cause de Dawson. Merci pour tout Andre et j’espère sincèrement que Tim Raines, Larry Walker, Pedro Martinez et surtout Vladimir Guerrero iront te retrouver à Cooperstown avant longtemps.




Pour conclure la visite, nous avons visité le Temple en tant que tel. Construit comme une cathédrale avec du marbre provenant du Vermont, cette « chapelle » sportive sert à rendre hommage aux plus grands du sport. Construit au coût de 175 000$ en 1950, ce Temple contient des plaques commémoratives sur lesquelles sont gravées les biographies des joueurs, entraîneurs, arbitres et bâtisseurs. Les premiers intronisés le furent en 1936. Parmi ceux-ci, on compte Babe Ruth, Ty Cobb, un de meilleurs frappeurs de l’histoire mais également un des plus détesté, et Honus Wagner. Le puit de lumière donne un caractère solennel à l’endroit qui impose, de lui-même, le plus grand respect.





Le village de Cooperstown vit uniquement grâce au baseball. L’industrie touristique a vite compris le message et a capitalisé là-dessus! TOUTES les boutiques sur la rue principale sont en lien avec le baseball : les restaurants, les boutiques souvenirs, les librairies, TOUT! On retrouve également un musée de cire où vous pourrez vous faire photographier avec vos joueurs favoris. Et pour vous attirer, on place une statue de Georges Constanza, mythique personnage de la série Seinfeld! Bel essai mais on n’a pas le temps!



Le voyage est maintenant chose du passé. Je suis de retour à la maison et non, Pat n’est pas aux douanes canadiennes en train d’expliquer le vol de son passeport! Je reviendrai demain avec un bilan du voyage. Yogi Berra avait raison…