« - Salut, lança Florent, je m'achète un restaurant.
- Hein ? Quoi ? Que c'est que tu me dis là ?
- Oui, je m'achète une restaurant. La Binerie, sur la rue Mont-Royal.
- Es-tu sérieux ? La Binerie ? C'est un très bon spot, ça. J'allais manger là durant la guerre. Mais tu veux rire. Jamais je ne croirai...
- Je te raconterai. Pour l'instant, je suis un peu pressé. Dis donc, tu connais un peu le milieu des affaires, toi... As-tu déjà entendu parler d'un bonhomme du nom d'Egon Ratablavasky ? »
- Yvan Beauchemin tiré du roman « Le Matou »
Je devais avoir 6 ou 7 ans la première fois que j’ai vu le film « Le Matou »; pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais littéralement tombé sous le charme de Monsieur Émile et de son chat Déjeuner. Comment un sale petit morveux, mal engueulé, alcoolique, voleur et menteur pouvait me ressembler? J’imagine que c’est uniquement l’âge ou le chandail du Canadien qui nous rapprochait! Bref, je n’ai jamais oublié l’épopée de Florent, sympathique propriétaire de la fameuse Binerie Mont-Royal. Quand je suis déménagé à Montréal en 2001, je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que je m’y rende. Aucune surprise de retrouver la Binerie Mont-Royal sur l’avenue Mont-Royal, presqu’au coin de la rue St-Denis (514-285-9078).
Manger à la Binerie, c’est ramener un morceau du Québec dans votre assiette. À une époque où les aliments sont jugés sur leur valeur nutritive et autre babiole du genre, ça fait du bien de voir un restaurant qui cuisine de manière traditionnelle, comme les grands-mères savent le faire. Oubliez les carbs, les calories, les Omega 3 ou les gras trans; c’est juste BON et ça fini là!!
Dès votre entrée, vous vous sentirez absorbé dans cet univers familial. Le propriétaire est derrière le comptoir pour discuter avec vous, son épouse aussi. La petitesse de l’endroit favorise grandement les rapprochements humains!
À la même adresse depuis 1938, la Binerie est une véritable attraction touristique. D’ailleurs, le prestigieux magazine National Geographic a remis un prix d’excellent à la Binerie Mont-Royal pour l’importance culturelle des lieux et son apport à la promotion des valeurs québécoises. Un honneur pleinement mérité.
Côté nourriture, cette St-Jean-Baptiste gastronomique débute généralement avec les déjeuners. Évidemment, les fèves au lard sont au centre du menu de la Binerie. Et croyez-moi, elles sont plus que délicieuses! Et contrairement aux beans habituellement servies dans les restaurants, elles ne sont pas accompagnée d’une sauce. Le client peut donc les déguster nature ou rajouter du sirop d’érable (du vrai, pas de la cochonnerie de Aunt Jemima!), de la mélasse, du ketchup ou tout autre mélange de votre choix! Un DÉLICE!
Les déjeuners sont complets et très abordables. Deux choses à retenir : on vous demandera si vous voulez votre bacon « mou » ou « croustillant » alors n’ayez pas l’air trop surpris (j’ai testé les deux et la version croustillante l’emporte!). Deuxièmes choses : les TOASTS!! Ce n’est pas du pain tranché Gadoua mais du VRAI pain de ménage croûté, grillé à la perfection au gaz et non dans un vulgaire toaster! Ca fait TOUTE la différence au goût, un MUST!
Mais réduire la Binerie aux déjeuners serait une grande erreur (quoi que les déjeuners sont servis toute la journée contrairement à la majorité des restaurants). Le menu comporte une multitude de plats traditionnels de la Belle Province. On parle ici de pâté chinois, de ragoûts de boulettes, de tourtières, de roast beef, d’une variété de tartes et j’en passe. C’est comme un réveillon du jour de l’an qui dure 365 jours, le paradis de l’estomac!
La Binerie dispose également d’un large éventail de plats pour emporter. Je me suis risqué avec une petite livre de creton et ce fut un succès! La prochaine fois, je me ramène assurément des beans et du pâté chinois!
Un repas à la Binerie Mont-Royal rehaussera votre sentiment nationaliste et vous donnera une envie folle d’aller souper chez votre grand-mère! Vous pourrez vous y rendre du lundi au vendredi de 6h à 20h et le weekend de 7h30 à 15h.
Voilà pour une autre édition des vendredi culinaires. La semaine prochaine, la Banquise.