Jour 6 : Villa Romana et Syracuse

Éditorial du jour : voici ce que font des jeunes de 15 ans lorsqu’ils ont deux minutes de temps libre à l’hôtel. Édifiant n’est-ce pas? On peut dénombrer quatre gogosses électroniques dans un rayon de deux mètres, des kids sur les réseaux sociaux au lieu de se parler de vive voix en chair et en os, LIVE UP en temps réel! Où s’en va notre jeunesse? Fin de la montée lactée! Kodiakus a religieusement fait attention à son poids durant les onze dernier mois : il sera donc impératif qu’il quitte ce maléfique endroit gastronomique qu’est la Sicile pour retrouver ses saines habitudes alimentaires comme les All Bran, le yaourt et les petits fruits des champs au déjeuner, les Européens ne semblant se nourrir que de pain et de croissant pour le p’tit dèj!

Plusieurs personnes n’auront jamais le privilège de visiter un seul patrimoine mondial de l’UNESCO durant leur existence. Notre groupe a eu l’extrême chance d’en visiter deux… en deux jours! Je vous parle ici d’un chef d’œuvre humain situé à quelques kilomètres de Piazza Armenira, la Villa Romana del Casale. Il s’agit d’une somptueuse maison romaine ayant appartenu à l’empereur Marcus Aurelisu Maximianus qui a régné au IVe siècle. L’opulence des lieux ne fait aucun doute mais la particularité du domaine se trouve dans les planchers en mosaïques qui recouvrent l’ensemble de la résidence. Il s’agit de petit carrés de céramiques assemblées qui forment une figure, un motif géométrique ou un dessin plus formel. Voici deux exemples.

L’état de conservation des mosaïques est tout simplement incroyable. Construit à la main par des artisans carthaginois, certaines sont demeurées intactes depuis près de 1600 ans. La raison? Au XIIe siècle, un glissement de terrain a ensevelit la villa sous une couche boueuse de 10 mètres, la protégeant ainsi des effets de l’air, du vent et de la pluie. Ce n’est que dans les années 1950 que les travaux d’excavation ont débuté. Les sujet traités par les artistes sont très variés : personnage mythologique comme le célèbre Polyphème de l’Odyssée d’Homère, une scène de course de chars se déroulant au Circus Maximus ainsi qu’une salle complète dédiée aux animaux sauvages que les Romains ramenait en Europe pour les spectacles, dont un compatriote de Kodiakus!

Le complexe des Thermes est VRAIMENT impressionnant! Grands humanistes, les Romains vénéraient le corps et en prenaient grand soin. Côté hygiène, ils adorait les bains chauds (Calderium) et froids (Frigidarium), ancêtre des spas scandinaves! On chauffait les bains avec un système de feu et de circulation d’air, du grand art! On retrouvait aussi deux piscines intérieures, une salle de massage, un sauna et une palestre-gymnase. D’ailleurs, notre sympathique Kodiakus s’ennuie beaucoup de son gym, il a bien hâte de reprendre sa routine quotidienne au centre sportif!

Difficile de s’imaginer qu’une seule famille vivait dans un tel niveau de luxe et de bourgeoisie. Un site UNIQUE à visiter une fois dans sa vie. Kodiakus souhaitant conserver un souvenir impérissable de son passage décidé de ramener au Canada un magnifique Soleil sicilien en céramique fait à la main par un artisan local. Pour le reste de sa vie, il pourra contempler les magnifiques yeux bleutés de SON étoile en se remémorant cet épisode inoubliable.

Autre surprise dans l’autobus : notre guide Giovanni nous fit goûter du raisin blanc de Sicile, les tout premiers de la récolte 2012! Très bons et sucrés, jamais Kodiakus n’avaient goutés des raisins fraîchement cueillis!

Nous avons quitté la partie centrale de l’île pour revernir sur le bord de mer dans l’extrémité orientale de la Sicile. Le paysage est toujours sidérant, l’autobus roulant à travers les vallons, les champs de vignes, d’orangers et de citronniers meublant l’espace agricole, entre les champs dédiés au dieu du vent, Éole.

La route est longue pour remonter jusqu’au Soleil chantait Richard Séguin. Certains passent le temps en écoutant de la musique, en remplissant un journal de bord ou en ayant l’air de jouer une partie de Twister infernale! Il y a des chiropraticiens qui vont faire de l’argent la semaine prochaine!

Arrivée à Syracuse, seconde plus grosse ville de Sicile après Palerme, nous avons dégusté un autre succulent repas. Les élèves commencent à comprendre le principe : entrée de pasta (lasagne dans leur cas, SUCCULENTES pâtes aux anchois et tomates séchées pour les accompagnateurs!!), plat principal de poulet panné accompagné de tomates italiennes (l’avantage de voyager avec des élèves, c’est qu’il est très facile de récupérer des légumes non-désirés!!) et des fruits pour desserts (abricots et cantaloup). Il ne restait pas grand-chose dans les assiettes!

Petite visite à pieds de Syracuse, mais plus particulièrement de l’île d’Ortygie, autrefois un repère pour les cailles! Habitée depuis 3 000 ans, Syracuse fut à une époque la plus grosse ville du monde connue aves plus de 200 000 habitants, dépassant largement d’autres cités comme Athènes ou Corinthe. Ce sont d’ailleurs ceux-ci qui fondèrent la ville en -734. Les Romains ne firent qu’une bouchée des fortifications de la ville, pourtant misent en place par le grand Archimède, au second siècle avant notre ère. La déchéance allait être rapide, la peste et les tremblements de terre eurent raison de la ville. Il reste par contre plusieurs vestiges grecs, romains ou byzantins à Syracuse. Sur les ruines d’un ancien temple grec dédié à Athéna dont on a conservé les colonnes se trouve aujourd’hui la Duomo, une MAGNIFIQUE cathédrale baroque du XVIIIe siècle. La décoration est magnifique, tout comme les petits chapelles qu’on retrouvent de chaque côté. La plus belle est dédiée à Sainte-Lucie, une religieuse originaire de Syracuse qui a été torturé par les Romains (on lui a littéralement arraché les yeux!). Elle est aujourd’hui symbole de lumière. C’est devant cette sainte que Kodiakus alluma une bougie pour rendre hommage à son grand-papa ourson décédé le 4 juillet 2011, exactement un an jour pour jour. Grand moment d’émotion.

On retrouve aussi une fontaine mythologique à Syracuse. Selon le mythe, une nymphe de la déesse Artemis nommée Aretuse refusait catégoriquement les avances d’un prétendant, le dieu des rivières Alphe. Pour la sauver des griffes du courtisant, la déesse de chasse transforma Aretuse en eau douce et fraîche pour qu’elle puisse quitter la Grèce, ce qu’elle fit pour aboutir à… Syracuse. Mais bien malin qui croyait prendre, Alphe suivi Aretuse jusque là et leur deux eaux se sont mélanger pour donner à Syracuse sa source d’eau potable. Une belle histoire d’amour mais est-ce vraiment possible? Des scientifiques ont placé un certain type de colorant dans l’eau grecque et quelques semaines plus tard, le colorant avait parcouru la mer Ionienne et était rendu à Syracuse, en Sicile!

Autre vestige grec : un temple dédié à la divinité favorite de Kodiakus depuis le début du voyage : Appolon, le dieu du Soleil! Datant du Vie siècle avant Jésus, cette imposante construction nous rappelle que les Grecs aimaient la démesure : chaque colonne pèse plus de 40 tonnes!

Segment de route vers notre lieu de résidence, l’hôtel San Andreas tout près du volcan Etna que nous irons voir demain. Le repas du soir est toujours festif (et fort bruyant!!). Encore une entrée de pâtes, du porc accompagné d’une première salade du voyage (saluée par les élèves!!!) et le meilleur melon d’eau qui existe sur terre!

C’est en jouant un furieux match de babyfoot que la journée s’est conclue, toujours dans la bonne humeur et l’excitation généralisée! Bonne nuit Kodiakus, la journée sera longue et belle demain!

À suivre… Ce texte est dédié à la mémoire d’Hormisdas Leclair.