vendredi 30 juillet 2010

Vendredi culinaire : Beauty’s


Les restaurants se spécialisant dans les déjeuners se sont multipliés durant les dernières années. Chez Cora, Tutti Frutti, Eggsquis, le Friand d’œuf et récemment à Ahuntsic, le délicieux Zagrum viennent s’ajouter aux milliers de Tim Horton’s qui pullulent un peu partout! Mais les vraies institutions persistent. L’an dernier, je vous ai vanté les mérites de la célèbre Binerie Mont-Royal. Mais l’avenue portant le nom de l’emblème de Ville-Marie l’ancienne comporte aussi un autre arrêt obligatoire lors d’une promenade sur le bourgeois Plateau : le Beauty’s.

Situé au 93 avenue Mont-Royal Ouest (coin St-Urbain), le Beauty’s trône à cette adresse depuis 1942. L’histoire de l’établissement remonte pourtant en 1891. À cette époque, on retrouvait le cœur de l’industrie du vêtement dans ce quartier, majoritairement habité par les Juifs. Une petite boutique s’était installée à l’intersection : la papeterie Bancroft.

En 1942, les jeunes mariés Hymie et Freda Sckolnick se portent acquéreur de la papeterie Bancroft et font construire un comptoir pour servir de la nourriture. En effet, Freda se donne la mission de préparer des repas pour les employés des manufactures voisines. Ses plats sont très appréciés et le service rapide fait la renommé de l’endroit. La boutique devient tellement populaire que les ouvriers viennent manger même lors de leurs journées de congé! Hymie et Freda prennent aussi l’habitude d’accueillir parents et amis pour un déjeuner tardif : selon la légende, ainsi naquirent les premiers brunchs à Montréal! Voilà une affirmation qui n’a rien de vérifiable historiquement!

La papeterie Bancroft devint donc le Café Bancroft. Mais les habitués de l’endroit le nommait plutôt « Beauty’s », surnom donné à Freda Sckolnick lors de parties de quilles! Selon la légende, elle n’avait pas son pareil pour clencher une réserve 7-10 ou pour danser frénétiquement après un abat! La voici en photo sur l’une des cartes postales disponibles gratuitement dans le portique!

Parlant du portique, on y retrouve de nombreux articles de journaux faisant l’apologie de l’endroit ainsi que quelques photos de célébrités ayant franchi les portes de ce temple du brunch. Je noterai au passage Rob Lowe!

L’entreprise est toujours propriété de la famille Sckolnick. Larry, le fils unique de Hymie et Freda est très souvent à la porte pour accueillir les clients alors que sa fille agit à titre de serveuse. L’endroit ressemble à un dîner new yorkais des années 50 : banquettes bleus, planchers carreler noir et blanc, présence de miroir, stores horizontaux, etc.



Quoi qu’on y serve des dîners, ce sont les déjeuners qui ont fait la renommée de l’endroit. Il n’est pas rare de devoir attendre en ligne plusieurs minutes le weekend pour avoir une table. Le menu est très diversifié, allant des smooties aux crêpes, en passant par les fruits et les œufs. Le Beauty’s offre par contre deux spécialités. Il y a tout d’abord le Beauty’s Special, un sandwich servi sur bagel avec saumon fumée, fromage à la crème, tomate et oignon. Appliquant à la lettre ma règle concernant le poisson (voir chronique sur Frites Lesage pour plus de détail), j’ai pris autre chose!

Je suis allé avec une création d’Hymie lui-même : l’omelette Mish-Mash. Il s’agit d’un savant mélange d’œufs, de saucisses à hotdog, de salami, de piments verts et d’oignons frits. Le résultat est excellent et la portion, assez généreuse! L’omelette est servie avec de petites patates rissolées, très gouteuses! Le café est aussi du même acabit : si vous aimez un petit café doux qui goûte l’eau, vous risquer de faire le saut!

Un autre aspect intéressant au Beauty’s : on délaisse la traditionnel toast en accompagnement pour la remplacer par le bagel. Et pas n’importe quel bagel, un St-Viateur! Il existe une grande rivalité à Montréal entre les deux plus célèbres fabricants de bagel : Fairmount versus St-Viateur. Je vous réserve mon idée là-dessus pour ma chronique de… demain! À suivre, test scientifique à l’appui!

La force du Beauty’s se trouve définitivement dans la nourriture : c’est bon, chaud et savoureux. Le service est lent, mais Lent avec un « L » majuscule. Lors de mon passage, il ne devait pas y avoir plus de deux ou trois clients et pour vous donner une idée de la lenteur de la chose, j’ai du aller remettre de l’argent dans mon parcomètre! Et si vous souhaitez un réchaud de café, vaut mieux être prêt à camper sur le Mont-Royal et revenir le lendemain! Mais le principal bémol se situe au niveau des prix : TOUT est cher, sans aucune exception. 13$ pour une omelette, j’appelle ça ABUSIF! Les smooties sont hors de prix et on nous fera pas à croire qu’après 70 ans, c’est encore pour payer l’hypothèque du bâtiment! Mais je répète, si vous chercher un excellent déjeuner, vous êtes au bon endroit!

Qualité de la nouriture



Qualité du service



Les prix




Propreté des lieux




Voilà ce qui complète un autre vendredi culinaire. La semaine prochaine : Chez Gérard Patates! Mais je vous invite demain pour un petit texte sur l’industrie du bagel à Montréal!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les commentaires prix et service m'on t fait éclater de rire. Dommage, tout allait si bien jusque là. Il faudra aller Au pain perdu pour autant de qualité avec un meilleur service et de meilleurs prix. "Le Cuistôt" Yannick vous y attend!

J'ai bien hâte de lire le texte sur les bagels. Au Fairmount, ils sont très bons mais pour le service en français, attendez le Chum là aussi

LB