Je vous parlais hier d’une des plus grandes rivalités qui existe à Montréal : celle opposant deux fabricants de Bagel, St-Viateur et Fairmount. Avant de commencer, parlons de l’historique du bagel.
On dit qu'en 1683, un boulanger juif de Vienne, Autriche, cherchait comment remercier le roi de Pologne pour avoir protégé ses compatriotes de l'invasion des Turcs. Il créa un petit pain en forme d'étrier (« beugel » en autrichien) pour rappeler agréablement au roi son hobby favori : l'équitation.
Adoptés par les Polonais, les bagels devinrent le symbole du cadeau officiel offert aux nouvelles mamans lors de la naissance d'un enfant. On les mentionne même dans les registres civils de la communauté de cette époque. Les bagels furent aussi utilisés comme de nutritifs anneaux de dentition que les nourrissons pouvaient facilement mâcher et manipuler.
Arrivés en Russie, les bagels prirent l'appellation de « bulbiki » (ou bubliki ?). Ils se vendaient dans des kiosques au marché ou dans les rues de la ville. En raison de leur forme circulaire, ils étaient sensés apportés le bonheur et on alla jusqu'à leur attribuer des pouvoirs magiques. Il semble même qu'il y eut des chansons sur les bagels !
En 1919, Isadore Shlafman arrive au Canada et ouvre la première boulangerie de bagels à Montréal, dans une allée adjacente au boulevard Saint-Laurent, communément appelé "La Main". C'est là que les Montréalais ont appris à connaître le BAGEL, façonné à la main et cuit au four à bois. C'est la première boulangerie de bagels à Montréal.
Par la suite, en 1949, grand-papa Isadore déménage du Boulevard Saint-Laurent à la rue Fairmount où il achète un mignon petit cottage. Il procède alors à la démolition du mur arrière et y installe un four à bois. Lui et sa famille vivent en haut, à l'étage. Quand grand-papa Isadore va au travail, il n'a qu'à descendre au premier étage pour faire cuire les bagels. Jack, son fils, apprend l'art de préparer les bagels et se joint à l'entreprise. Il continue la tradition et, lui aussi. façonne les bagels à la main et il les cuit au four à bois. Depuis ce temps, existe sur la rue Fairmount, la renommé "Originale Boulangerie Fairmount Bagel Inc.".
Aujourd'hui, la famille continue à employer les même méthodes et les même traditions que grand-papa Isadore a ramenées de son pays natal. Depuis le tout début, les bagels sont toujours façonnés à la main et cuits au four à bois à la façon ancestrale. De nouvelles variétés de bagels sont introduites quand leur texture et leur consistance atteignent les standards fixés par grand-papa Isadore. Aujourd'hui encore, ce sont les petits-enfants d'Isodore qui gèrent l'entreprise.
Fait cocasse: sur les sacs de bagel, il est indiqué que Fairmount a fourni les premiers bagels a être allés dans l'espace lors de la mission STS-124!
Depuis 1957, St-Viateur Bagel fait partie intégrante de la culture et de la vie quotidienne des Montréalais. La légendaire boulangerie de la rue St-Viateur, qui opère 24 heures par jour 7 jours sur 7, vend plus de 1,000 douzaines de bagels par jour. En un demi-siècle, l’entreprise familiale s’est considérablement développée et compte à ce jour 4 fabriques et 2 Bagel-cafés dans la région de Montréal.
Son fondateur, Myer Lewkowicz, a rapporté sa célèbre recette d'Europe de l'Est. Rouler les bagels à la main et les cuire au four à bois, c’est l’ancienne façon de faire et c’est l’art du savoir-faire. Le propriétaire actuel, Joe Morena, doté de plus de 45 ans d’expérience dans le domaine, s’assure que les traditions d’hier continuent à être respectées aujourd’hui.
St-Viateur dispose même d’une mascotte, inauguré pour le 50e anniversaire de l’entreprise en 2007. Son nom : Sésame!
Tout d’abord, il faut que je mentionne que les deux bagels sont EXCELLENTS! Mais pour les besoins de la science, je me suis prêté à quelques manipulations et expériences sur ceux-ci pour essayer de déterminer un gagnant.
L’échantillon était composé d’une demi-douzaine de bagels chauds au sésame, tout juste sorti du four de chacun des deux commerces. Premier test : le goût à chaud! Et là, aucun doute, Fairmount l’emporte haut la main. Tendre à l’intérieur, croustillant à l’extérieur, un pur régal. Le St-Viateur avait moins de tonus.
2e test : bagel du lendemain, cuit au grille-pain. Dans ce cas-ci, pratiquement aucune différence entre les deux. Encore frais mais légèrement plus durs, les deux bagels offrent un goût relevé. Accompagné de fromage à la crème ou autre, ils sont délicieux!
3e test : le poids. Le Fairmount fait osciller la balance à 70 grammes par unité alors que le St-Viateur pèse 80 grammes par bagel. La différence est minimale à ce niveau…
4e test : les ingrédients. Idem dans les deux cas : farine non-blanchie, eau, sucre, malt, œuf, levure, huile végétale, graines de sésame. La seule « différence » se trouve au niveau de l’huile : chez St-Viateur, on spécifie qu’on utilise de l’huile de canola alors que rien n’est mentionné du côté du Fairmount.
Au final, je me dois d’y aller avec le Fairmount, mais de peu! La ligne d’attente devant l’établissement est là pour nous rappeler la renommé de l’endroit! De plus, vous pourrez choisir parmi les 24 variétés de bagel de l’endroit ou tenter votre chance avec un Pretzel de style New York, délectable! Mais dites-vous que dans les deux cas, vous ne serez jamais déçu!