10 millions pour un pardon

C’est aujourd’hui la fin d’un long processus judiciaire pour la Canadien d’origine syrienne Maher Arar. Rappelons tout d’abord les faits.

Arar a été arrêté en 2002 à l’aéroport JFK de New York suite à la vérification de son passeport canadien. Les autorités américaines l’ont mis aux arrêts car il soupçonnait Arar, un ingénieur de métier, d’avoir des liens avec les terroristes d’Al Quaeda.

Selon les informations dont nous disposons maintenant, la Gendarmerie Royale du Canada a fourni de fausses informations concernant le passé « terroriste » de Maher Arar.

À la lumière de ces informations erronées provenant du pays où résidait Arar, les États-Unis ont donc décidé d’expulser le suspect en Syrie. Le gouvernement canadien n’a évidement rien fait pour empêcher cela.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. De retour en Syrie, Maher Ara a été emprisonné et TORTURÉ pendant plus d’un an. Au cours de cette longue année, Arar a reçu la visite de diplomates canadiens qui ont finalement réussit à le faire libérer le 5 octobre 2003.

De retour au Canada, Ara intentera une poursuite de 400 millions contre le gouvernement pour préjudice, atteinte à la réputation et plusieurs autres chefs d’accusations. Il a par la suite réduit ses demandes à 37 millions.

Aujourd’hui, Stephen Harper a finalement offert 10,5 millions à Maher Arar. De plus, il s’est excusé au nom du gouvernement canadien et de la GRC pour ce qui pourra maintenant être considéré comme la plus grande erreur diplomatique de l’histoire du pays.

Arar poursuit toujours le gouvernement américain pour l’avoir déporté sans disposer de preuves. La bataille est loin d’être gagnée puisque malgré cette victoire au Canada, les États-Unis refusent toujours de retirer le nom de Maher Arar de sa liste des terroristes les plus recherchés. Complètement ridicule…

Certains dirons que 10 millions, c’est bien peu pour avoir subit la torture pendant 1 an, d’avoir vu son nom et celui de sa famille associé au terrorisme et d’avoir été expulsé de son pays. D’autres dirons que c’est beaucoup trop d’argent et qu’il s’agit d’une dépense ayant pour seul but de faire taire l’opinion publique à l’approche des élections, D’ailleurs Stephen Harper s’est empressé de spécifier que toute cette affaire s’était produite sous le règne du parti libéral de Jean Chrétien.

Mais selon moi, la plus grande victoire de Maher Arar, c’est d’avoir obtenu des excuses du gouvernement. Depuis que je m’intéresse à la politique, j’en ai vu des politiciens commettrent des gestes graves sans jamais s’excuser. Mentir, ça fait partie des qualités pour se lancer en politique. Avoir réussit à mettre le gouvernement à genou comme on le ferait avec un petit garçon de 3 ans ayant fait un mauvais coup, voilà une belle victoire sur le système.

Le pire, c’est que Maher Arar a déclaré que malgré les bévues du gouvernement, il était encore un fier Canadien. Il aura maintenant 10,5 millions de raison d’être fier!