vendredi 21 janvier 2011

Parcochaise?


La plupart des compagnies aériennes nord-américaines exigent maintenant un supplément pour accorder aux passagers le privilège de réserver le siège de leur choix. Les compagnies de croisières songent à en faire autant pour les chaises pliantes! C’est que les prises de becs se multiplient entre les passagers qui cherchent en vain une chaise longue au bord des piscines du bord et ceux qui les accaparent, sans les occuper la plupart du temps !

Le scénario est bien connu des habitués des tout inclus. Une bonne partie des vacanciers se lèvent aux aurores pour aller déposer des serviettes et un ou deux effets personnels sur les chaises de plage. Des chaises qu’ils n’occuperont bien souvent pas de la matinée, car ils seront retournés dormir et auront pris un petit-déjeuner tardif, avant de venir se prélasser une heure sur la plage. Les chiens pissent sur des poteaux. Les vacanciers déposent des serviettes de plage sur des chaises longues. C’est une façon nettement plus hygiénique et plus élégante de marquer son territoire. Quoi qu’on en dise, le touriste est un mammifère civilisé !

La chaise de pont est au passager des paquebots de croisière ce que la chaise de plage est au client du tout inclus. Au lieu de faire face à la mer, elle est orientée vers une des piscines extérieures du bord. En faisant construire leurs nouveaux navires sur lesquels les trois quarts des cabines sont pourvues de balcons équipés de chaises longues, les compagnies de croisières estimaient avoir réglé le problème de la pénurie. Grave erreur!

Comme le vacancier de base, le croisiériste moyen aime observer des scènes de la comédie humaine, scènes d’autant plus intéressantes que ses acteurs se baladent en maillot de bains (enfin, dans certains cas!). Et pour ce faire, une vue sur la piscine est nettement préférable à une vue sur la haute mer! Plusieurs compagnies affichent maintenant des panneaux signalant que les chaises de pont ne peuvent plus être réservées plus de 30 minutes sans être occupées. Mais elles ne prennent pas les mesures adéquates pour faire respecter cette politique.

On conçoit que les compagnies ne peuvent pas affecter du personnel exclusivement à la gestion des chaises. Certaines songent à facturer l’usage des chaises à l’heure ou à la demi-journée. Mais elles hésitent de peur que la concurrence ne transforme la «gratuité des chaises» en argument de vente.

La question a suscité quantité de commentaires et suggestions. La plus intéressante est celle recommande la mise en service de «chaises intelligentes». Chaque fois qu’un passager en prendrait possession, il insérerait sa clé de cabine (qui est toujours une carte plastifiée du format d’une carte de crédit) dans un compteur apposé sur chaque chaise. S’il n’a pas répété l’opération à l’expiration du terme de 30 minutes et que la chaise reste inoccupée, elle devrait être considérée comme libre.

Mais cette solution, consistant à meubler les ponts extérieurs d’hybrides nés du croisement de la chaise longue traditionnelle avec un parcomètre s’avérerait coûteuse. Dans un billet publié sur le site spécialisé Travelmole USA, le journaliste David Wilkening préconise une autre solution : inciter les passagers à amener leurs propres chaises longues à bord. Je suis persuadé qu’on y viendra : on a bien pris l’habitude d’amener son lunch à bord des avions! Prochaine étape : en croisière, amenez votre propre bateau !

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