mardi 14 septembre 2010

Se tirer une buche


Les amants du Vieux-Montréal vont apprécier la nouvelle suivante. Le Festival international des jardins de Métis présente des créations d'architectes à Montréal ces jours-ci. On organise un concours et le vainqueur voit son jardin exposé pour l'été à Montréal, place de La Dauversière non loin du château Ramezay. La proposition retenue est celle de l'architecte montréalais Philippe Nolet. Pour concevoir son jardin, il s'est inspiré de l'histoire et a utilisé son matériau favori, le bois.

Le jardin éphémère de Philippe Nolet rend hommage à ceux qui ont construit l'histoire de la Nouvelle-France, qu'il l'ait orchestrée ou subie. La place de la Dauversière a été nommée en souvenir de Jérôme Le Royer de La Dauversière (1597-1659), qui avait organisé, depuis la France, une mission de christianisation des Amérindiens en Nouvelle- France. Son projet avait pris forme dans les années 1640 avec Jeanne Mance et Paul Chomedey de Maisonneuve, et en 1642 il concrétisait la fondation de Ville-Marie.

À l'époque, le paysage de la Nouvelle-France reste sauvage, voire hostile, alors qu'en France, André Le Nôtre (1613-1700) met en place le jardin à la française. Il travaille pour Nicolas Fouquet, qui achète le domaine de Vaux le Vicomte, en 1641.

Pour rappeler ces deux réalités contrastées, Philippe Nolet superpose les paysages des jardins français du XVIIe siècle comme celui de Vaux le Vicomte et ceux de la Nouvelle- France. Il invente une broderie digne des parterres de Le Nôtre et remplace les buis par des bûches. Il respecte la symétrie des jardins à la française et y remplace le gazon par des herbes folles, faisant ainsi cohabiter l'ordre et la nature sauvage.

Dans le jardin à la française, les allées convergent vers des statues ou des fontaines. Au centre de son jardin, Philippe Nolet installe non pas une fontaine, mais une grande bûche. Le jardin à la française est un jardin que l'on contemple depuis les allées. Philippe Nolet laisse pénétrer le visiteur et l'invite à s'assoir sur sa broderie bûchée qui se transforme en un immense banc public. Le jardin n'est plus seulement esthétique, il devient utilitaire; les promeneurs peuvent s'y reposer!

La broderie bûchée est faite presque uniquement de bois. En tout, 25 cordes de bois ont suffi à sa confection. Les bûches, de diamètres différents, proviennent principalement de bouleaux, de peupliers et d'épinettes. Ces différentes essences apportent une variante nouvelle à la broderie, puisqu'elles permettent d'introduire une diversité intéressante de couleurs et de textures. Ce jardin symbolique et écologique est à voir, jusqu'au 10 octobre, place de La Dauversière à Montréal. C’est à cet endroit que devrait se tenir le camp d’entraînement du Canadien car ce n’est pas le bois mort qui manque là pour réchauffer le banc!

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