vendredi 10 septembre 2010
Pays microscopique
On pense souvent, à tord, que le plus petit pays du monde est le Vatican. Avec sa superficie réduite à 44 hectares et ses 824 habitants, le siège papal est souvent donné pour le plus minuscule (mais non le moins influent) État de la planète. Le plus petit pays du monde a une histoire passionnante. Il s’agit en fait d’une plateforme militaire installée, pendant la seconde guerre mondiale, par l’armée britannique dans la mer du Nord, à une quinzaine de kilomètres de l’estuaire de la Tamise : Fort Roughs.
Le gouvernement britannique l’a mise en vente en 1966 et elle a été rachetée par un vétéran de la seconde guerre mondiale, le major Roy Bates. Comme à l’époque, la plateforme se trouvait à l’extérieur des eaux territoriales, le major Bates a proclamé l’indépendance en 1967 et donné au nouvel «État» le nom de «Sealand».
Roy Bates et son épouse se sont arrogé le titre de «princes souverains de Sealand». En 1975, ils promulguent une constitution qui confère au «pays» la qualité de principauté constitutionnelle. Et ils nomment un premier ministre : le professeur de droit allemand qui leur avait dispensé les conseils juridiques nécessaires à l’élaboration d’une constitution, Alexander Achenbach !
Trois ans plus tard, cet ingrat fomente un coup d’état. Avec la complicité d’amis allemands et hollandais, il s’empare de l’île et emprisonne le «prince héritier», Michael Bates. Libéré, celui-ci demande l’assistance de l’armée britannique qui l’aide à reconquérir l’île. Les envahisseurs sont expulsés, à l’exception du professeur Achenbach. Considéré comme «traitre à sa patrie», celui-ci ne sera libéré que quelques semaines plus tard, sous l’intercession du gouvernement allemand. Il s’empresse de créer un «gouvernement en exil» toujours actif sous la direction d’un ancien «ministre», Johannes Seiger.
En 1987, le gouvernement britannique étend sa juridiction sur les eaux à 12 milles marins, en accord avec la législation internationale. Fort Roughs, alias Sealand, se trouve donc englobé dans les eaux territoriales du Royaume Uni. Ce que conteste la famille Bates, qui argue que l’indépendance a été proclamée alors que l’île se trouvait effectivement dans les eaux internationales. Après avoir envisagé de reprendre l’île par la force, le gouvernement britannique a renoncé, pour éviter toute effusion de sang inutile. Le prince Roy Bates a abdiqué en faveur de son fils, Michael, en 1999.
En 2006, un incendie détruisit la presque totalité des installations de la plateforme, contraignant la famille Bates à l’exil (où ils forment d’ailleurs un «gouvernement en exil»). Depuis le pays – le seul au monde à bénéficier de deux «gouvernements en exil» et aucun en place – est à vendre. Les acheteurs éventuels devraient toutefois savoir que les Nations Unies refusent de reconnaître le Sealand comme un État souverain ! Mais quelle histoire de fou !
On dénombre sur la planète une vingtaine d’États dont la superficie est inférieure à celle de l’île de Montréal. Les cinq plus petits sont :
- le Vatican : 44 hectares et 824 habitants
- la principauté de Monaco : 2,02 km² et 32 800 habitants
- Nauru : 21,3 km² et 13 700 habitants
- Tuvalu : 26 km² et 12 200 habitants
- San Marin : 61 km² et 29 900 habitants
Après avoir lu ça, j’ai l’impression que cette plate-forme a plus d’histoire que le Québec en 500 ans !
Retrouvez le tout premier blog francophone entièrement dédié à la Principauté de Sealand sur www.fr-sealand.org
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