vendredi 18 juillet 2014

La loi de la gravité

Assis sous un arbre, Isaac Newton reçu une pomme sur la tête. Voici ce dont il avait besoin pour établir la loi de la gravité : tout ce qui monte doit irrémédiablement redescendre. Pour bien débuter la journée, il fallait prendre des forces pour l’éprouvante montée qui nous attendait. Aussi bien descendre un superbe déjeuner irlandais (dont je ne me tanne absolument pas!!) avec en bonus, un bon bol de porridge, l’équivalent du gruau mais à des lunes de la version édulcorée de Quaker! On va se faire un fond pour s’élever vers les sommets.
Après quelques appels de nos hôtes à Glenbeigh, nous avons eu la chance d’obtenir les deux dernières places sur le dernier bateau qui quittait Port Magee vers le Skelig Micheal, la version gaélique du Mont Saint-Michel en France! Ceci me donne l’occasion de mentionner à quel point la population irlandaise est gentille, sociable et surtout, serviable! Dans chaque ville visitée, les gens nous ont décroché la Lune pour rendre notre séjour agréable. C’est donc tout sourire et avec un Soleil rayonnant que nous avons quitté le quai vers les iles.
Le site fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO pour deux raisons : son impressionnante réserve faunique qui ferait le bonheur des ornithologues amateurs ainsi que des ruines monastiques. Mais avant toute chose, mentionnons les dangers qui vous attendent sur l’ile (si vous survivez au mal de mer puisque la houle est légèrement plus agressive sur l’océan!!) : 600 marches en pierre a grimper, la plupart inégale, datant de 15 siècles, sans barrière de protection! On prend aussi soin de mentionner les trois décès dus à de la négligence dans la dernière année. Parfait, on monte!
Ce fut agréablement moins pire que je le croyais car on se concentre tellement sur chacune des marches qu’on oublie rapidement la hauteur… sauf lorsqu’on s’arrête, WOW!!! On va se tenir à gauche!! Un exercice physique assez demandant mais au combien agréable!
Je vous parlais de la faune plus tôt. L’ile est également le théâtre de la reproduction des Puffins, des oiseaux migrateurs venu d’Argentine suivant la défaite en final du Mondial contre l’Allemagne! Trêve de cabotinage, chaque hiver, ils volent sur des milliers de kilomètres pour venir s’installer ici, sous les pierres, toujours avec le même partenaire monogame, au même endroit! On parle d’une population de 40 000 oiseaux en plus de quelques autres espèces.
Au sommet du Skelig Micheal, les ruines d’un ancien monastère datant du VIe siècle. Pour les moines, la dévotion au travail et à Dieu est le but de la vie terrestre d’un homme. En voyant les installations, on comprend toute la définition de l’expression « donner sa vie pour Dieu ». À coup de pelle et de pioche, les religieux ont détaché des pierres sèches à même la structure de la montagne insulaire pour construire les escaliers que nous venions de monter ainsi que des huttes à forme arrondie qui ont résisté à 15 siècles des aléas du climat irlandais. Le mot spectaculaire ne peut même pas commencer à décrire la construction, le temps qu’il leur a fallu et la quantité de travail. Une cellule en pierre sur une ile à 12 kilomètres de la civilisation, voilà une excellente façon de s’isoler des tentations et de se concentrer sur la prière. Le monastère, malgré son aspect rudimentaire, a été pillé deux fois par les Vikings qui, probablement déçus de leur récoltes d’objets de valeur, ont choisi de kidnapper les moines! L’endroit fut abandonné au XIIe siècle.
Assis sous un arbre, Isaac Newton reçu une pomme sur la tête. Voici ce dont il avait besoin pour établir la loi de la gravité : tout ce qui monte doit irrémédiablement redescendre. Ah oui, le bateau est en bas! Je souffre de puissants vertiges qui semblent empirer avec l’âge. La descente fut nettement plus éprouvante que la montée car cette fois-ci, on ne peut ignorer la hauteur et le paysage qui s’étend devant vous. Mais pour avoir la chance de visiter des sites comme celui-ci, il faut sortir de sa zone de confort, prendre son courage à deux pieds et… descendre!
C’est sain et sauf, en un morceau, qu’on peut mesure l’ampleur du site. Mais tout ne s’arrête pas ici puisqu’il y a une seconde île, inaccessible aux humanoïdes puisqu’entièrement réservés aux espèces plumés. Environ 50 000 Goélans y résident et se font bronzé au Soleil sur la falaise, étrangement blanche de… guano! Autre paysage unique dans une vie! Et une petite loutre de mer qui nous fait un coucou, après avoir aussi vu un trio de dauphin dans la matinée.
Comme le Skelig Micheals est une zone de préservation, vous n’y trouverez pas de toilettes. Le bateau a quitté le port à 10h, il est maintenant 15h! Dès qu’on touche terre, goooo! Heureusement, les toilettes de Port Magee ont terminé au second rangs des meilleurs latrines de l’Irlande en 2002 comme en témoigne une plaque commémorative.
Pour le repas, nous avons opté pour un léger déplacement à 12km de Glenbeigh, et j’ai nommé Killorglin. À l’entrée de la ville se trouve une statue d’un bouc portant une couronne, emblème d’un festival thématique en son honneur! Charmant environnement pour trouver quelque chose pour se sustenter.
Encore des spécialités locales, le TROP bon Black pudding dont il est IMPOSSIBLE de se lasser, des scampies, du fish&chips et de la Harp Ice, très rafraichissante!
La beauté des Pub irlandais, c’est qu’à tout moment, quand on ne s’y attend pas, une séance musicale improvisée peut prendre place devant vos yeux! Ce fut le cas ce soir avec trois jeunes qui nous ont offert quelques classiques traditionnels irlandais. C’est un BONHEUR de voir des jeunes attachés à leur culture folklorique, tout le contraire des jeunes que je côtois chaque jour qui ne carbure qu’à l’américanisme criant.
C’est d’ailleurs dans un autre Pub, à 14 pas de notre B&B, que je termine ce Blog, au son de l’entraînante musique irlandaise, en dégustant, en l’honneur de Newton, un petit cidre de pomme. Si ce voyage constitue une montée, JAMAIS je ne voudrai redescendre…

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